Expositions

“Habiter le monde” par Alexandre Weber

… et non le posséder. Une démarche photographique qui est une tentative, au travers des espaces naturels, de la faune et la flore sauvage que le regard du photographe Alexandre Weber capture, de suggérer la possibilité d’un rapport renouvelé entre l’être humain et le monde. Une tentative de retisser le lien entre nous, le temps, l’espace et les forces de la Nature. C’est le fil conducteur de cette exposition proposée par le photographe Alexandre Weber du 18 septembre jusqu’au 9 novembre à la Maison de la Lozère à Paris.

Vernissage de l’exposition en présence de l’artiste le 18 septembre à 18h !

© Alexandre Weber

Depuis son plus jeune âge, Alexandre Weber entretient un rapport intime avec la Nature. Dès l’âge de 3 ans, il pouvait passer des heures aux bords des ruisseaux, fasciné par ce monde liquide s’écoulant devant ses yeux selon les souvenirs de ses proches. Un amour de la Nature, une curiosité et une sensibilité qui ne l’ont jamais quitté, devenant même le temps passant, des éléments centraux de sa vie.

C’est au cours de ses pérégrinations, à la découverte des rivières du sud de la France, qu’Alexandre est tombé amoureux de l’âpreté et de la rudesse des paysages cévenols. Depuis maintenant plus de 20 ans, et ce plusieurs fois dans l’année, en toutes saisons, il sillonne les Cévennes et ses vallées préservées. Au fil du temps, les paysages infinis de l’Aubrac, les forêts et lacs de Margeride, la riche histoire du pays de Gévaudan sont venus à leur tour agrandir son horizon.

En dehors des sentiers battus et loin du bruit de la société humaine, Alexandre est continuellement en quête de ces richesses naturelles cachées, préservées, qui ne s’offrent au regard qu’après avoir consenti à l’effort. Et c’est là, immergé dans la Nature, qu’il y trouve son équilibre.

© Alexandre Weber

Cette exposition “Habiter le monde” est une tentative de retisser le lien entre nous, le temps, l’espace et les forces de la Nature. L’être humain contemporain vit dans une société « hors-sol ». Coupé de son milieu, il erre, se vivant presque comme une génération spontanée, le continuum qui le lie à la Nature ayant été comme rompu. L’espèce humaine fait partie de cette communauté de destin qu’est le vivant, elle n’est pas disjointe. C’est une espèce parmi de nombreuses autres et doit cohabiter avec cette diversité, avec cette altérité de forme et de comportement qui l’environne. Avec l’idée, selon Alexandre Weber, que l’intelligence d’une espèce est d’abord et avant toute chose, sa capacité à atteindre le point d’équilibre avec son environnement.

Dans sa démarche, il s’agit d’être « avec », d’instaurer un dialogue, un débat et non un combat avec la Nature.

Les mots, en eux-mêmes, induisent une raideur contre nature, les noms sont une pétrification du sens. « Le langage désigne mais ne peut combler le fossé puisqu’il le représente » écrit le philosophe Jean-Christophe Bailly. C’est pourquoi Alexandre invite dans cette exposition à décentrer notre grille de lecture que nos mots apposent au réel et à entrer dans un monde sensible, à entrer en poésie avec le monde.

© Alexandre Weber

La poésie ne peut être figée, elle ne peut être fixée, elle ne peut être clouée sur des mots immobiles. Elle ne peut être cantonnée à un rêve assis, à la lecture d’un éther imaginaire, inaccessible. La poésie doit se réaliser, prendre forme en un réel. Aussi il convient d’être à « l’écoute des mystères de la Nature en soi et non pour nous, humains dont la présomption et les besoins tiennent lieu de sensibilité », écrit encore J-C Bailly.

La poésie prend vie sur le seuil de l’humilité, à ce moment précis où la conscience d’une réalité plus grande que soi s’impose. En-visageons le monde.

Mon cœur pointant vers l’horizon, sous mes pieds la montagne.

Mes yeux dans l’infini, mon esprit est ici, ailleurs et au-delà.

Tout est calme. Tout est clair. Tout est limpide.

Alexandre Weber

Texte inspiré notamment par ses moments passés à photographier ces paysages lozériens : Vase de Sèvre, au crépuscule d’un jour d’été & Trainées d’étoiles au-dessus des Grands Causses.

Article et propos recueillis par Justine Rousseau